IIEG
15 novembre 2025

Après la résolution 2797 : Vers une nouvelle architecture régionale de la stabilité au Sahara marocain

Vue panoramique du Sahara marocain symbolisant la stabilité régionale et la diplomatie maghrébine après la résolution 2797 de l’ONU.
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Pôle Analyse et Résolution des Conflits

 

Après la résolution 2797 : Vers une nouvelle architecture régionale de la stabilité au Sahara marocain

IIEG – Pôle Résolution de Conflits /
Novembre 2025
 
 
L’adoption, le 31 octobre 2025, de la résolution 2797 par le Conseil de sécurité des Nations unies ouvre une nouvelle phase dans le processus de résolution du dossier du Sahara marocain.
En consacrant l’Initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus réaliste pour une solution politique, cette résolution ne constitue pas un aboutissement mais le point de départ d’une nouvelle architecture de stabilité régionale.
 
Cette analyse du Pôle Résolution de Conflits de l’IIEG examine les perspectives d’évolution post-résolution 2797, en mettant en lumière le rôle central d’acteurs diplomatiques clés et les enjeux de consolidation pour le Maghreb et la région sahélo-méditerranéenne.
 
La prochaine étape implique une reconfiguration des relations régionales, une clarification des espaces de coopération transfrontalière et un alignement stratégique des partenaires internationaux, notamment l’Union européenne.
 

Le suivi rapproché de l’IIEG :

Au-delà du Sahara occidental, vers le « Sahara oriental » Le Pôle Résolution de Conflits de l’IIEG suit de très près le dossier du Sahara marocain depuis plusieurs années.
 
Cette attention s’explique par le fait que la question dépasse désormais le cadre d’un différend territorial: elle touche aux équilibres géostratégiques du Maghreb, à la sécurité du Sahel et à la coopération méditerranéenne face aux menaces hybrides (trafics, migrations, réseaux armés non étatiques).
L’IIEG observe également que la résolution 2797 amorce une nouvelle géométrie des négociations, où les acteurs régionaux (Maroc, Algérie, Mauritanie) pourraient être amenés à redéfinir leurs zones d’influence et leurs interactions économiques. Dans cette logique, la prochaine phase — déjà évoquée par certains diplomates — pourrait concerner le « Sahara oriental », c’est-à-dire les zones frontalières entre le sud-est marocain et l’ouest algérien.
Cette perspective s’explique par deux dynamiques complémentaires :
la nécessité de clarifier les espaces de coopération transfrontalière, notamment autour des corridors économiques et énergétiques, et la volonté des États-Unis et de leurs partenaires arabes de construire une stabilité intégrée du Maghreb, qui ne laisse aucune zone grise propice aux tensions ou aux trafics.
Cette évolution marquerait une nouvelle étape dans la résolution globale des questions territoriales et sécuritaires au Maghreb, transformant le dossier du Sahara d’un conflit gelé en catalyseur d’une intégration régionale approfondie.
 

Un tournant diplomatique confirmé par la résolution 2797L’adoption de la résolution 2797 du Conseil de sécurité des Nations unies [1]

le 31 octobre 2025, marque un tournant historique dans l’approche onusienne du dossier du Sahara.
Le texte, soutenu par une large majorité des membres du Conseil (11 voix pour, 3 abstentions), introduit un ton plus pragmatique et renforce la reconnaissance du plan d’autonomie marocain (2007) comme base politique réaliste et durable pour une solution négociée.
Cette résolution s’inscrit dans la continuité de la position américaine réaffirmée depuis 2020, mais elle en élargit désormais la portée en plaçant le dossier du Sahara dans le cadre plus large de la stabilité régionale maghrébine et sahélo-méditerranéenne.
Elle ouvre ainsi une nouvelle phase politique, où la question du Sahara dépasse sa dimension territoriale pour devenir un enjeu de gouvernance régionale et de coopération sécuritaire.
La résolution met également fin à une ambiguïté persistante en reconnaissant explicitement l’Algérie comme partie prenante au processus, et non plus comme un simple « État voisin ».
Cette reconnaissance rompt avec la rhétorique diplomatique antérieure et entérine une lecture géopolitique du conflit fondée sur la responsabilité régionale directe.
 

Le rôle pivot de Massad Boulos, d’origine libanaise : artisan discret d’un consensus transatlantique et arabe

Le Conseiller spécial américain pour l’Afrique et le Moyen-Orient, Massad Boulos, d’origine libanaise, s’est imposé comme l’architecte discret mais essentiel du consensus diplomatique qui a rendu possible l’adoption de la résolution 2797. Homme d’affaires et stratège politique proche de l’administration Trump, Boulos se distingue par sa capacité unique à tisser des passerelles entre Washington, Rabat et plusieurs capitales arabes influentes, notamment Le Caire, Abou Dhabi et Alger.
Dans son entretien accordé à France 24 Arabic le 3 novembre 2025, Boulos a réaffirmé avec force que le plan d’autonomie marocain constitue la seule base crédible pour une issue juste et durable [2].
Mais au-delà de cette position de principe, son action traduit une volonté stratégique de restructurer le dialogue maghrébin autour d’un axe de confiance Maroc-États-Unis-Ligue arabe, dans lequel l’Algérie serait invitée à jouer un rôle constructif plutôt qu’oppositionnel.
L’IIEG relève que la médiation opérée par Boulos adopte une approche hybride, combinant diplomatie classique (entretiens bilatéraux, coordination avec l’ONU) et diplomatie d’influence (réseaux économiques, coopération sécuritaire, dialogue religieux modéré).
Ce profil atypique, issu du monde des affaires et des réseaux moyen-orientaux, en fait le véritable artisan de la convergence actuelle entre Washington et Rabat sur ce dossier. Sa visite à Alger en juillet 2025 témoigne de cette volonté d’ouvrir des canaux de dialogue avec tous les acteurs régionaux [3].
 

Vers une phase de consolidation et d’adaptation

Selon les observations de l’IIEG, la « prochaine étape » du dossier, après la résolution 2797, devrait donc combiner trois axes stratégiques :
Le dépôt par le Maroc d’un plan actualisé d’autonomie, intégrant des mécanismes de gouvernance locale modernisés, des garanties internationales et un agenda clair pour la participation des populations locales.
Cette actualisation permettrait de traduire concrètement les avancées diplomatiques en dispositifs institutionnels opérationnels.
Une relance du dialogue bilatéral Maroc-Algérie, encouragée par Washington et soutenue par la Ligue arabe, afin de réduire la dimension conflictuelle et d’ouvrir un espace de coopération pragmatique.
Le rôle de Massad Boulos dans cette médiation régionale sera déterminant pour créer les conditions d’un dialogue constructif.
Une mise en cohérence régionale, incluant les questions de sécurité énergétique, d’infrastructures et de gestion commune des espaces frontaliers (le « Sahara oriental »), comme leviers de stabilité durable. L’intégration de la région au Gazoduc Nigeria-Maroc, à la Route Atlantique Africaine et aux corridors de l’hydrogène vert positionne le Royaume comme interface énergétique et logistique entre l’Afrique et l’Europe.
 

L’Union européenne à la croisée des chemins

L’Union européenne, partenaire économique et politique majeur du Maroc, se trouve désormais à un carrefour stratégique.
La neutralité prudente qui caractérisait jusqu’ici sa position devient difficilement tenable au regard de la nouvelle architecture juridique onusienne.
Ignorer la résolution 2797 reviendrait pour l’UE à fragiliser sa propre crédibilité en matière de respect du multilatéralisme [4].
Une révision politique s’impose donc : aligner la politique extérieure européenne sur la résolution 2797, au nom de la cohérence stratégique et du respect des décisions du Conseil de sécurité. Cette clarification renforcerait la sécurité collective euro-africaine, en consolidant le socle de confiance politique nécessaire à une coopération durable dans les domaines de la lutte antiterroriste, de la gestion des flux migratoires et de la transition énergétique.
 

Pour résumer:

Vers un modèle de résolution maghrébine L’IIEG estime que la résolution 2797 et la dynamique qu’elle enclenche pourraient constituer un précédent diplomatique : celui d’une résolution de conflit à dominante régionale, soutenue par une coalition de puissances (États-Unis, partenaires arabes, Union européenne) mais articulée autour d’un acteur local central — en l’occurrence, le Royaume du Maroc.
Cette approche « bottom-up », centrée sur le réalisme et la coopération, marque la fin de la logique de statu quo et ouvre une phase où la diplomatie maghrébine pourrait redevenir motrice d’un nouvel équilibre géopolitique africain. Comme le soulignait le président de l’IIEG, Khaled Hamadé, à l’occasion du 50ème anniversaire de la Marche Verte : « Le courage n’est pas de perpétuer les conflits, mais d’oser les résoudre.
 
Le Maroc a montré la voie il y a cinquante ans. Il est temps que le monde l’accompagne sur ce chemin. » [5]Références[1]
Conseil de sécurité des Nations Unies. (2025, 31 octobre).
Avec 11 voix pour et 3 abstentions, le Conseil de sécurité adopte la résolution 2797 (2025), renouvelant le mandat de la Mission de l’ONU au Sahara occidental pour un an. https://press.un.org/en/2025/sc16208.doc.htm[2] Boulos, M. (2025, 3 novembre).
Entretien avec France 24 Arabic.[3]
Middle East Institute. (2025, 6 novembre). Morocco-Algeria: The case for ambitious reconciliation. https://mei.edu/publications/morocco-algeria-case-ambitious-reconciliation[4]
Pôle Analyse et Résolution des Conflits. (2025, 4 novembre). Sahara marocain : la nouvelle résolution de l’ONU place l’Union européenne à un carrefour stratégique. Institut International d’Études Géopolitiques. https://institugeo.org/articles/sahara-marocain-la-nouvelle-resolution-de-lonu-place-lunion-europeenne-a-un-carrefour-strategique/[5] Hamadé, K. (2025, 24 octobre). Pour une paix durable : 50e anniversaire de la Marche Verte et appel à la communauté internationale.

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