Tribune de Jean-Marie HEYDT
En écho à la position Française du Président Macron au Maroc et en amont de l’anniversaire de la Marche verte le 6 novembre.
Le Maroc retrouve son Sahara
Incarné par le passé, projeté vers l’avenir, la position actuelle du Président Macron est sans équivoque. Il rappelle combien cet empire millénaire entretient des liens privilégiés avec la France depuis des décennies. Trois années d’incompréhensions et de malentendus ne sauraient faire oublier la force d’une amitié séculaire qui unissait la France au Maroc.
La France était le premier pays européen à ouvrir un Consulat au Maroc au XVIe siècle et depuis, les relations économiques, politiques, culturelles n’ont cessé de croître. Certes la fin du XIXe siècle, début du XXe ont été marqués par un conflit (1844-1912) suivi d’un protectorat (1912-1956). Néanmoins, le dialogue n’a jamais été rompu et pour exemple les tribus des confins sahariens se sont volontairement engagées dans les unités françaises d’infanterie légères méharistes chargées des missions de police dans les zones peu peuplées et difficilement accessibles du Sahara. De même, les goumiers, n’ont pas hésité à rejoindre la France, voire à verser leur sang, lors du débarquement en Provence. Autant d’aspects forts d’un passé que le Président Macron a su rappeler et honorer.
Si le Maroc comptait sur la France d’hier pour accompagner son développement, c’est la France d’aujourd’hui qui en appelle au Maroc pour construire un partenariat d’exception. Et la volonté commune, clairement exprimée, vise à donner une impulsion décisive aux relations multidimensionnelles d’égalité et d’excellence.
La question du Sahara au cœur de la stratégie marocaine
Cependant, la pierre angulaire de la stratégie nationale marocaine avait été clairement exprimée par Sa Majesté le Roi : « le Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ». Autant dire qu’après la reconnaissance par plusieurs pays européens (et ceux d’autres continents) de la marocanité du Sahara, le Président Macron était attendu devant les deux chambres réunies au Parlement marocain.
Ainsi, renouveler en profondeur ce partenariat, « écrire un nouveau livre ensemble », relever les défis de nos sociétés modernes, autant de raisons qui ont conduit Emmanuel Macron à affirmer que « Le présent et l’avenir des provinces du sud s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». C’est la façon pour la France de donner du corps à cette vision renouvelée d’une égalité stratégique entre le Maroc et la France, laquelle doit pouvoir faciliter la continuité du pont entre les pays sahéliens et l’Europe.
Un soutien international croissant
À la veille du 50e anniversaire de la Marche verte initiée par feu le Roi Hassan II, cette déclaration du Président français est assurée par un activisme diplomatique accru auquel s’engage la France en faveur du Sahara marocain, tant au sein des Nations Unies que de l’Union Européenne, car cette initiative d’autonomie est la seule base crédible du règlement de ce conflit artificiel.
Le soutien de la France à la souveraineté marocaine sur le Sahara, est un soutien qui transforme fondamentalement l’équilibre diplomatique dans ce dossier crucial. Il va de soi que la position politique française est de nature à réjouir les cœurs des Marocaines et des Marocains, car ces populations, loin d’être de simples spectatrices, sont des protagonistes actifs du développement de leurs provinces. Leur attachement indéfectible à leur pays et leur implication concrète dans les divers projets de développement en font des partenaires de premier ordre pour l’avenir de la région.
Un engagement fort des populations du Sud
Pour avoir rencontré à plusieurs reprises les habitants des Provinces du Sud, qu’ils soient sahraouis issus des différentes tribus, marocains du Nord venus s’implanter dans le sud, migrants sédentarisés au Sahara, tous reconnaissent la considérable évolution de ces Régions au bénéfice des populations.
Rien d’étonnant dès lors que Sa Majesté ait salué leur loyauté indéfectible, leur patriotisme exemplaire et leur engagement vital dans la défense de l’intégrité territoriale du Maroc.
L’allégeance comme ciment de l’unité nationale
Il faut souligner au demeurant que le principe de l’allégeance (la Baïa) reste un acte difficile à comprendre à sa juste valeur pour les non-initiés étrangers. Le secret de l’originalité de la nation marocaine réside dans la diversité de son peuple, de ses religions, de ses idéologies politiques, mais dont le garant de son unité, de sa stabilité et de son consensus, a toujours été le trône Alaouite.
Et durant la période coloniale espagnole, les chefs de tribus sahraouis ont juré fidélité aux sultans successifs du Royaume malgré les tentatives d’acculturation de l’Espagne. Cet acte symbolique d’obéissance légitimait la domination du sultan sur son domaine. En retour, le sultan ou le Roi s’engage à protéger le peuple. Une fois que la Baïa est établie, elle reste intacte et constitue un compromis entre le sultan et son peuple. C’est ce qui explique ce lien indéfectible entre un Roi et un peuple.
Une dynamique internationale en marche
Le Sahara retrouvera pleinement son Maroc dès que le Conseil de sécurité des Nations Unies fermera définitivement le dossier de cinquante années d’un conflit artificiel.
Parallèlement à ce soutien français, ils sont plus d’une trentaine de pays à avoir ouvert des consulats dans les Provinces du Sud, marquant ainsi leur appui clair et net à l’intégrité territoriale du Royaume et à la Marocanité du Sahara.
La France s’est engagée à ouvrir des Centres de demandes de visas dans les Provinces du Sud. Les membres du gouvernement n’hésitent plus, tout comme les grandes Régions françaises, à s’engager dans des partenariats…, les investisseurs n’ont pas attendu pour accélérer leurs présences actives…
Il appartient désormais à la France de renforcer cette volonté affirmée d’un Sahara qui a toujours été marocain en ouvrant un consulat général de France à la capitale saharienne du sud : Laâyoune.
Géopolitique du Sahara
28 avril 2025
Le Maroc et son Sahara : Une Diplomatie du Respect et de l’Histoire
Coopération internationale, Développement régional, Souveraineté et indépendance

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Jean-Marie Heydt
Enseignant-chercheur, docteur en sciences humaines/sociales, spécialiste des migrations et des sciences politiques
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