Le G20 sans les États-Unis : Un Nouveau Chapitre dans la Gouvernance Mondiale
Sous le thème « Solidarité, Égalité, Durabilité », l’Afrique du Sud présente un agenda ambitieux pour sa présidence du G20 : croissance économique inclusive, industrialisation, emploi, réduction des inégalités, sécurité alimentaire et usage de l’IA pour le développement durable. L’objectif est de répondre aux défis mondiaux tout en renforçant la voix de l’Afrique sur la scène internationale.
Cependant, cette dynamique est compromise par le boycott des Etats-Unis et les absences remarquées des dirigeants américains : ni le secrétaire d’État ni le secrétaire au Trésor ne participent aux réunions clés. Ce boycott, loin d’être fortuit, reflète le recul des États-Unis vis-à-vis du multilatéralisme et marque une rupture avec leur rôle traditionnel dans la coordination économique mondiale.
Cette décision accentue également les tensions croissantes entre Washington et Pretoria, nourries par des désaccords sur les politiques intérieures sud-africaines, dont la réforme foncière, et des divergences concernant des questions internationales comme le conflit Israélo-Palestinien.
L’absence américaine affaiblit potentiellement la capacité du G20 à jouer son rôle de leader en matière de coopération économique globale, et crée un vide stratégique dont pourraient profiter la Chine et la Russie, susceptibles de renforcer leur influence et d’attirer davantage de pays du Sud global vers des cadres alternatifs comme les BRICS. Cela pourrait sans doute accélérer une fragmentation de l’ordre international, au détriment de la coopération sur des enjeux cruciaux tels que le climat, la stabilité économique ou la préparation aux pandémies.
Pour l’Afrique du Sud, cette situation constitue à la fois un défi inédit et une opportunité : il lui faudra préserver la cohésion du G20 malgré un partenaire américain absent ou hostile, tout en pouvant impulser une réflexion sur des mécanismes de gouvernance plus inclusifs.
En définitive, le succès de cette présidence sud-africaine et l’avenir du G20 dépendront de la capacité des autres nations à combler le vide laissé par les États-Unis. L’issue de ce sommet pourrait influencer durablement l’évolution de la gouvernance mondiale, entre coopération renforcée ou bascule vers des blocs rivaux.
Raisons de la non-participation des États-Unis :
- Allégations de persécution des Blancs en Afrique du Sud : Le président Donald Trump a annoncé que les États-Unis ne participeraient pas au sommet du G20 en Afrique du Sud en raison d’allégations de persécution des Blancs dans le pays [1][2].
Il a affirmé que les Afrikaners (descendants de colons néerlandais, ainsi que d’immigrants français et allemands) sont tués et massacrés, et que leurs terres et fermes sont confisquées illégalement [1].
- Désaccord avec les priorités du G20 : Donald Trump a rejeté les priorités avancées par l’Afrique du Sud pour ce sommet, telles que promouvoir la solidarité internationale et aider les pays en développement [3].
- Thème du G20 jugé « anti-américain »: Le thème choisi par l’Afrique du Sud pour le G20 cette année – « solidarité, égalité et durabilité » – a été critiqué par Washington, qui l’a qualifié d’anti-américain [4].
- Tensions diplomatiques : L’initiative d’une plainte pour génocide à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de justice du gouvernement sud-africain constitue un autre motif de ressentiment entre Washington et Pretoria [5].
- Boycott des réunions préparatoires : Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et son homologue du Trésor, Scott Bessent, ont également décidé de ne pas participer aux réunions du G20 qui se tiennent en Afrique du Sud [5].
Conséquences géopolitiques potentielles :
L’absence des États-Unis au sommet du G20 revêt une signification qui dépasse le simple cadre d’une réunion internationale ; elle a un impact symbolique majeur. Bien qu’elle puisse sembler superficielle à première vue, cette absence pourrait sensiblement diminuer la portée et l’influence du sommet. En effet, les États-Unis ont longtemps été perçus comme un leader incontournable des forums multilatéraux, et leur retrait soulève des questions quant à leur engagement envers les institutions globales.
Cette situation remet en question le rôle historique des États-Unis dans les prises de décision des grands forums internationaux [6], ainsi que sa vision envers le multilatéralisme. La non-participation américaine pourrait créer un vide où le leadership traditionnel des États-Unis est contesté, ce qui a pour conséquence de susciter des inquiétudes concernant l’avenir des consensus globaux et des grandes initiatives, notamment sur des sujets cruciaux comme le climat et le développement économique. Sans la présence américaine, les conclusions du G20 reflètent une vision moins alignée sur les intérêts ou les valeurs américaines, rendant ainsi leur adoption plus complexe dans le contexte international.
De plus, l’absence des États-Unis peut conduire à un véritable isolement diplomatique pour le pays [7]. Le sommet se déroule sans la contribution directe des représentants américains, une situation que Washington a dénoncée comme une « instrumentalisation » de la présidence sud-africaine par certains membres du gouvernement. Cette perception d’un isolement pourrait renforcer les critiques internes et internationales à l’encontre de la stratégie étrangère des États-Unis, particulièrement en ce qui concerne le multilatéralisme et la coopération internationale [8].
L’absence de participation des États-Unis soulève également des préoccupations sur la capacité collective à traiter des crises internationales pressantes. Dans un monde où l’unilatéralisme et le protectionnisme sont de plus en plus répandus, les questions de solidarité mondiale deviennent centrales. Les acteurs internationaux se demandent alors comment avancer sans un leadership unifié, ce qui pourrait compromettre l’efficacité des réponses face aux enjeux urgents tels que le changement climatique et les pandémies.
En parallèle, cette situation crée une opportunité pour d’autres voix, notamment celles des pays émergents comme l’Afrique du Sud. En choisissant d’amplifier des perspectives souvent marginalisées, le pays hôte peut orienter le dialogue vers des problématiques qui n’auraient peut-être pas eu l’espace nécessaire pour être abordées sous l’influence américaine. Cette dynamique pourrait constituer un tournant dans la manière dont les voix du Sud sont entendues sur la scène internationale, introduisant une nouvelle forme de gouvernance mondiale.
Cependant, cette fragmentation pose également de grands défis pour la coopération mondiale [9]. Les problèmes qui nécessitent des solutions coordonnées, comme la sécurité alimentaire, la transition énergétique et la stabilité économique, risquent de devenir plus compliqués à résoudre en raison de l’absence d’une voix forte des États-Unis. En conséquence, l’efficacité des initiatives prises lors du sommet pourrait être compromise, et des solutions égalitaires pourraient être plus difficiles à atteindre.
Enfin, le sommet du G20 représente une occasion cruciale pour l’Afrique du Sud de restaurer sa crédibilité sur la scène mondiale. Après des années de stagnation économique, de scandales de corruption et de pertes de réputation, le pays souhaite utiliser cette plateforme pour démontrer son engagement envers une gouvernance mondiale inclusive et efficace. L’absence des États-Unis pourrait offrir à l’Afrique du Sud une plus grande marge de manœuvre pour façonner les débats et les résultats du sommet, tout en tentant de se repositionner comme un acteur clé dans l’économie mondiale.
En somme, l’absence des États-Unis au G20 façonne non seulement le paysage immédiat des discussions internationales, mais elle a également des implications de long terme sur la gouvernance mondiale, l’autorité des institutions multilatérales et la dynamique des pouvoirs dans un monde de plus en plus polarisé.
Retrait de l’UNESCO et boycott du G20 : Une nouvelle aire de fragmentation internationale
Ressemblances
- Scepticisme vis-à-vis du multilatéralisme
Dans les deux cas, la décision américaine reflète un désengagement d’institutions multilatérales ; un signe que l’“America First” ou d’autres priorités nationales priment sur la coopération internationale. Dans le retrait de l’UNESCO, les États-Unis mettent en avant une politique étrangère incompatible avec ce qu’ils considèrent comme l’agenda “mondialiste” ou “idéologique” de l’UNESCO. - Motivation idéologique / politique
- Pour l’UNESCO : l’administration américaine critique des “causes sociales et culturelles clivantes”, des positions qu’elle juge “woke” ou trop progressistes. [10]
- Pour le G20 : l’absence américaine peut traduire une perte de confiance dans les institutions multilatérales pour piloter des politiques globales (économiques, monétaires), ce qui peut être lié à une volonté de redéfinir le rôle des Américains dans le monde.
- Affaiblissement du leadership américain
- G20 : sans la participation active des États-Unis, leur influence sur les décisions économiques mondiales pourrait diminuer, ouvrant un espace à d’autres puissances (Chine, Russie, etc.).
- UNESCO : le retrait affaiblit le poids diplomatique et financier des États-Unis au sein d’une agence majeure de l’ONU (éducation, culture, science), ce qui peut donner davantage d’influence à d’autres États ou blocs.
- Conséquences sur la gouvernance mondiale
Les deux décisions peuvent contribuer à une reconfiguration des alliances internationales : en quittant ou en boudant des institutions traditionnelles, les États-Unis laissent une marge de manœuvre à d’autres puissances, et encouragent peut-être des blocs alternatifs ou des formes de coopération différentes.
Signification plus large des parallèles
- Ces deux mouvements traduisent une volonté de redéfinir l’engagement américain sur la scène internationale : pas seulement un désengagement, mais une volonté de choisir où et comment s’impliquer, en fonction des priorités nationales.
- Ils témoignent d’un recul du multilatéralisme traditionnel : si les États-Unis se retirent ou n’assistent plus activement à certains forums, cela fragilise leur capacité à influencer les règles globales.
En résumé, La non-participation des États-Unis au sommet du G20 souligne une évolution préoccupante dans le paysage géopolitique mondial. Cet événement symbolise un retrait des engagements multilatéraux qui ont longtemps défini le leadership américain sur la scène mondiale. En choisissant de se retirer, les États-Unis ne laissent pas seulement un vide en matière de décision et d’influence, mais ils ouvrent également la porte à d’autres pays, comme l’Afrique du Sud, pour redéfinir leurs rôles et amplifier des voix autrement marginalisées. Cette dynamique pourrait altérer les efforts de coopération globale nécessaires pour faire face à des crises pressantes telles que le changement climatique et la sécurité économique. Dans un monde de plus en plus interconnecté, l’absence des États-Unis au G20 pourrait avoir des répercussions durables sur la coopération internationale, soulignant l’importance d’une approche unifiée pour résoudre les défis mondiaux.
Références :
- Les États-Unis boycottent le sommet du G20 en Afrique du Sud – Reporteri.net
- Les Etats-Unis n’enverront aucun responsable au G20 en Afrique du Sud – RTS
- Les Etats-Unis discutent d’une participation au G20 en Afrique du Sud, dit Ramaphosa – 20/11/2025 à 21:28 – Boursorama
- G20 historique en Afrique du Sud malgré le boycott américain – Anadolu Ajansı
- Les Etats-Unis snobent les réunions du G20, une première – Les Echos
- L’Afrique du Sud reproche aux Etats-Unis d’avoir boycotté le G20 et de s’être opposés au consensus – Xinhua
- G20 : Pretoria tient tête à Trump après son rejet de la déclaration commune – Agence Ecofin
- Le G20 est menacé par les divisions géopolitiques, mettent en garde ses dirigeants
- US Absence at 2025 G20 Summit: Implications for Global Cooperation and South Africa’s Leadership – Citadel
- https://www.bfmtv.com/international/amerique-nord/etats-unis/donald-trump/l-unesco-trop-woke-et-pro-palestinienne-donald-trump-annonce-un-retrait-de-l-organisation_AN-202507220341.html






